Les affiches des présidentielles décryptées

Publié le : 13 avril 2017

Une fois n'est pas coutume, Breizhtorm plonge en politique, mais pas n'importe laquelle ; la politique graphique !

C’est un fait ; les affiches des candidats se ressemblent toutes, et ceux depuis des dizaines et des dizaines d’années. C’est l’occasion de pointer les petits détails qui font la différence, mais c’est surtout l’occasion d’en rire. Avant que le pire nous fasse pleurer. Une chose est sûre, on ne pourra pas dire que c’est une affiche qui a fait gagner un candidat.

 

 

1 – PHILIPPE POUTOU : le candidat qui ne se prend pas la tête.

Pas le temps de se raser, de se coiffer, de s’habiller… OSEF ! Poutou nous gratifie d’un visuel très rouge qui annonce la couleur (vous l’avez ?). On notera la petite touche d’originalité dans le choix de la typo, loin des standards. Une typo épaisse qui rappelle l’usage prolétaire et surabondant de la CooperBlack à l’époque où la publicité emboitait le pas à l’ère industrielle.

 

 

 

2 – DUPONT-AIGNAN : L’animateur sympa.

Avec son slogan aux airs de jingle pour adolescents qui regardent la TNT, Nicolas essaie de séduire avec ce qu’il a pu faire de mieux niveau sourire. On sera peut-être dérangé par l’étrange proximité qu’il suscite à travers un cadrage bien trop serré et son regard qui pénètre notre âme.

 

 

 

3 – NATHALIE ARTHAUD :

À ne pas confondre avec Florence. Peu connue, ce n’est pas son affiche qui risque de renverser la vapeur. En directe lignée des affiches de Laguiller, on retrouve l’effet pamphlétaire des tracts de campagne mais en géant. Beaucoup de rouge pour ne pas trahir la cause, rehausser d’une pointe de jaune pour contraster, le tout complètement gâché par une troisième teinte jaunâtre qui vient effacer l’efficacité du Jaune soutenu. Trop de texte, comme toujours, pour ceux qui voudraient stationner en voiture et bloquer la circulation le temps de faire leur choix devant les panneaux d’affichage. On notera la présence discrète d’un logo coco en bas de visuel qui mériterait, après toutes ces années, d’être revisité car il fait plutôt penser à toute l’iconographie des partis nazis ou dictatoriaux de science-fiction.

 

 

4 – FRANÇOIS FILLON : RENDS L’ARGENT.

 

 

 

5 – JEAN-LUC MÉLENCHON :

Malgré son teint blâfard, Jean-Luc tente un regard chaleureux, perdu au milieu de son décor de ciel d’orage en Bretagne. Seule touche de vie, son logo qui revêt une véritable force dans son fond et dans sa forme. Certains y verront un leader révolutionnaire levant le point pour galvaniser ses troupes (une vraie caricature du candidat en un seul trait, belle prouesse), d’autres se fient aux origines philosophiques du signe, le Phi cher aux philosophes et à la démocratie telle qu’elle fut lors de son invention. Et nous, nous y voyons comme Jean-Luc le signe du nombre d’or, symbole de l’harmonie entre les choses, et notamment dans le graphisme.

 

 

 

6 – JEAN LASSALLE

On dira ce qu’on veut, trop sobre, c’est trop sobre. À vouloir faire simple, on ne raconte plus rien. Jean se pose en candidat de la France simple, regard hors-champ pour contempler tout le travail qu’il reste à faire. Avec un slogan à 14 lettres, il bat tous les records de simplicité, ce que ne lui reprocheraient pas les pubards. Avec une photo de qualité très moyenne, le visuel global aurait gagné à ramener un peu de couleur.

 

 

 

7 – JACQUES CHEMINADE :

Savait-il qu’il serait candidat ? avec une affiche de campagne en mode « paparazzade », Cheminade brouille encore un peu les pistes avec un gros slogan assèné à grand coup de typo à empattement comme sur une couverture de magazine à sensation. Élégante ? non. Bourrine plutôt. Ca ne vous rappelle pas la typo du logo du FIGARO, le journal de gauche gaulliste ?

 

 

 

8 – EMMANUEL MACRON : le bon élève

Aaaahhh… Macron. Il excèle dans l’exercice de style. Avec une photo particulièrement soignée et un cadrage hyper travaillé, Emmanuel attaque son électorat de plein fouet, en le regardant droit dans les yeux (comme presque tous les candidats). Sa position centrale casse les codes du genre (je ne veux pas faire comme les autres na!). C’est la lumière qu’on remarque en premier : un vrai éclairage professionnel, entre la lumière naturelle et le dosage des réflections savamment orchestré. Toute l’image est minutieusement construite. Alors qu’il clame une « France .. pour TOUS », il vient rééquilibrer son propos avec un arrière-plan remplit de femmes et de couleurs.

 

 

 

9 – MARINE LE PEN :

Bein Marine Le Pen quoi…

 

 

 

10 – FRANÇOIS ASSELINEAU : celui qui porte bien son nom.

On ne peut pas critiquer la qualité graphique de l’ensemble. La photographie est de belle qualité et s’intègre parfaitement avec le décorum.

 

 

 

11 – BENOIT HAMON : l’outsider graphique

Graphiquement, Hamon remporte peut-être la compétition. Il  est engageant, souriant, tiré à 4 épingles, il n’y a pas de fausse note dans son visuel. Tout sur son affiche a été construit pour rallier un maximum de monde derrière lui : le vert pour les écolos, le rouge pour les communistes, le bleu pour tous les autres. Il en place une pour les jeunes en étant le seul à afficher sa présence sur les réseaux sociaux. Il est aussi le seul à arborer les 3 couleurs bleu, blanc et rouge, comme pour placer qu’il est le candidat de tous les français. Le mec à même un hashtag.

 

 

 

 

On a fait le tour ! (le premier tour) Aucune originalité ou presque, un exercice de style dont certains ont compris les enjeux. On regrettera surtout, mais rien de graphique là-dedans, qu’il n’y ai que 2 femmes de représentées dans cette campagne aux 11 candidats.

AUX ARTS CITOYENS !

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